Pas toujours facile de passer d’une activité salariée à une activité Freelance, que ce soit en tant qu’auto / micro entrepreneur ou via un autre statut. Démarches administratives, édition de factures et déclaration de revenus sont autant de paramètres à prendre en compte lorsque l’on décide de démarrer une activité en freelance. Parmi les questions essentielles et récurrentes, on retrouve régulièrement : comment facturer ? À quel tarif ? À l’heure, à la journée ? Quel TJM ?
Autant d’interrogations auxquelles je vous propose d’apporter quelques éléments de réponse pour vous aider à fixer votre tarif freelance, que vous soyez développeur, intégrateur, rédacteur ou encore community manager. Aujourd’hui, j’ai décidé de vous aider à voir plus clair dans la détermination de votre tarif journalier moyen (TJM). C’est parti !
Qu’est-ce que le TJM ?
Le TJM (Tarif Journalier Moyen) est le tarif qu’un freelance facture à la journée. Celui-ci s’exprime toujours en hors taxes. Le calcul du TJM doit tenir compte d’un certain nombre de points :
- Un freelance ne s’occupe pas que des rendus : Puisqu’il est son propre patron, le freelance doit gérer la prospection, la relation client, la comptabilité, et bien d’autres choses encore. Ces tâches doivent donc également être intégrées dans son calcul de TJM.
- Un prestataire en freelance n’a pas de congés payés. Ce dernier doit donc intégrer ses jours de vacances dans le calcul de son TJM s’il souhaite pouvoir se reposer 5 semaines par an au minimum et consacrer du temps à ses loisirs ;
- Un freelance paie ses propres charges. La conversion de son chiffre d’affaires brut en net diffère selon le statut choisi.
D’autres éléments généraux sont à prendre en compte :
- L’expérience du prestataire (un freelance junior en développement ne pourra pas prétendre à la même rémunération qu’un freelance exerçant depuis 15 ans) ;
- Les services additionnels ;
- La rapidité de livraison ;
- La réputation et les recommandations clients
Calculer son TJM Freelance
Certains prestataires en freelance choisissent de se baser sur le salaire mensuel brut qu’ils percevaient en tant que salarié. Ainsi, en partant sur le salaire moyen d’un cadre travaillant en France, il est possible d’obtenir la rémunération suivante :
- Salaire mensuel en brut : 4000 €
- Frais de fonctionnement (+10%) : 4 400 €
- Charges patronales statut cadre (x 1.54): 6 776 €
- Base de 19 jours travaillés par mois (soit 228 jours par an)
- Taux journalier : (6 776/ 19) = 356.63 € HT par jour
Nb : Attention, cette méthode de calcul est utilisée pour déterminer le prix de base d’une prestation dans un contexte idéal de plein temps ! Rappelez-vous qu’un prestataire en freelance n’a pas toujours du travail. Des périodes d’inactivité prolongée ont une répercussion directe sur le revenu annuel.
Aussi, la rémunération varie selon l’expérience du prestataire, des spécificités de son offre, de la qualité de son travail, de sa réputation et des fluctuations du marché.
Un TJM doit rester un minimum flexible et faire l’objet d’arbitrage en fonction des spécificités de la demande. C’est ce que nous allons voir ensemble dans le point suivant.
Un simulateur pour calculer son TJM Freelance
Shine, la néo-banque des Freelance a développé un outil gratuit permettant de calculer son TJM en fonction d’un revenu salarié.
Le simulateur de TJM Freelance de Shine est disponible ici : https://simulateurs.shine.fr/
Vous devrez d’abord choisir un métier. Personnellement, en tant que consultant Freelance en Marketing Digital, je choisis Consultant (la classe).
Vous devrez paramétrer votre “Salaire brut annuel en CDI souhaité”, personnellement je vais mettre 70k€.
Vous pourrez modifier pas mal de paramètres avancés, très importants pour le calcul de votre TJM :
Vous allez pouvoir définir :
- Vos jours ouvrés : certains voudront travailler 6 jours sur 7, d’autres 4 jours sur 7, … C’est un autre sujet mais travailler plus ne signifie pas nécessairement apporter plus de valeur.
- Vos jours de vacances : car oui, le Freelance a le droit à des congés, mais ils ne sont pas rémunérés, il faut donc l’anticiper.
- Votre temps non facturé : il est difficile, parfois, de vendre tous ses jours
- Vos frais professionnels : logiciels de compta, outils professionnels, matériel (informatique, photographie, etc). Ne comptez pas votre Playstation 4 comme frais professionnel svp.
- Si vous êtes éligible à l’ACCRE/ACRE : très important, car on parle ici d’une réduction de charges d’environ 20%.
Moi, pour faire le test, j’ai répondu que : je travaille 5 jours sur 7. Je prends 30 jours de congés (soit 6 semaines). J’ai 12% de temps non facturé : les plateformes Freelance me permettent d’avoir du travail en continu ou presque. J’ai environ 300€ de frais professionnels par mois : compta (Freebe), complémentaire (Wemind), banque (Qonto), outils pro (Ranxplorer, Canva, Envato Elements, etc). Je n’ai pas l’ACCRE/ACRE.
J’arrive à un TJM de 506€, ce qui est cohérent puisqu’aujourd’hui mon TJM est fixé à 500€.
Voilà, cela reste un outil bien entendu, la variable la plus compliquée à définir est le revenu qu’on estime pouvoir atteindre et facturer.
Le TJM du marché
Pour calculer son TJM Freelance, il est également nécessaire de prendre en compte les TJM du marché. Dans les métiers du web par exemple (community manager, rédacteur web, webmaster, formateur LinkedIn, …), la concurrence est particulièrement ardue.
Dans un premier temps, vous pouvez demander conseil à des freelances expérimentés. En plus de vous aider à vous situer, cette démarche pourra peut-être vous permettre de gagner votre premier client. En effet, un confrère ayant suffisamment de travail pourra orienter ses derniers demandeurs vers vous, s’il estime que vous êtes en mesure de répondre à leurs besoins.
La consultation de différents sites internet proposant des offres de missions freelance vous permettra aussi de vous situer, et de fixer votre TJM Freelance.
Il existe 3 stratégies dans lesquelles s’inscrire pour fixer son TJM :
- La stratégie d’alignement ;
- La stratégie consistant à casser ses prix au début d’activité, pour construire son réseau et asseoir sa réputation ;
- Enfin, la stratégie « forte plus-value » qui consiste à fixer des tarifs supérieurs à la concurrence pour faire valoir un positionnement plus fort.
La flexibilité du TJM Freelance
Il est fréquent d’observer un écart entre les prétentions d’un prestataire en freelance et le budget d’un client. Ainsi, il est important de savoir prendre du recul par rapport à son TJM et prendre le temps de considérer ce que vous propose un client, en fonction de la mission potentielle.
Si celle-ci vous intéresse particulièrement, qu’elle revêt un caractère épanouissant et/ou qu’elle permettrait d’agrandir votre réseau, il est peut-être judicieux d’accepter une baisse du TJM. En revanche, si elle n’en vaut pas la peine à vos yeux, inutile de vous brader.
Vous l’aurez compris, il faut parfois penser au-delà d’une valeur exprimée en euros pour savoir ce que l’on a réellement à gagner d’une commande en freelance.
Dans certains cas, baisser son TJM Freelance pour obtenir un contrat peut permettre d’acquérir de nouvelles compétences pour être à même de faire augmenter ses tarifs l’année suivante.
Ainsi, il est important de bien saisir l’unicité de chaque mission. C’est aussi ça les joies du freelance !
Les risques d’un TJM trop bas ou trop haut
Je le répète à tous les Freelance qui se lancent : mal fixer son TJM Freelance est très risqué.
En effet, être trop bon marché peut nuire à votre activité : vous allez beaucoup travailler, des clients vont abuser de votre générosité, vous n’allez pas gagner beaucoup et vous risquez de vous décourager.
Être trop cher est encore plus risqué (selon moi). Se dire qu’on facture 100€ / heure parce qu’on est le meilleur et c’est que le prix à payer, c’est cool, mais si on n’obtient aucun client, ça ne sert à rien.
Je vois souvent des débats sur la rémunération des Freelance créatifs : que ce soit en graphisme ou en rédaction par exemple.
Beaucoup s’offusquent des prix incroyablement bas de certaines missions. Néanmoins, comme je le disais : chaque contexte est différent.
Si on se lance, qu’on n’a aucune référence, aucune présence, qu’on n’est personne, on va forcément devoir acheter ses premiers clients en pratiquant un TJM Freelance très bon marché. C’est normal, c’est pareil aussi dans le salariat où l’on démarre par des stages rémunéré 500€ / mois. Bien sûr, le but est ensuite d’augmenter rapidement ses tarifs.
Il faut également améliorer la valeur perçue. Vous ne pouvez pas demander à un client de vous considérer comme une star si rien ne le prouve.
Soyez présents sur internet : créez vous un blog, optimiser votre compte LinkedIn, communiquez régulièrement, recueillez des avis clients (publics et vérifiables). Vos prospects le verront.
Il faut que lorsqu’on le tape vos “Prénom + Nom” sur Google, on se dise “Ok lui c’est mon champion, son prix sera le mien”.
Vous êtes spécialiste SEO ? créez vous un site et positionnez vous sur des requêtes concurrentielles. Vous êtes graphiste ? Créez vous un site avec une identité forte et un graphisme à couper le souffle. Vous êtes rédacteur ? Créez vous un blog et rédigez des articles canons. Vous êtes spécialiste en réseaux sociaux ? Créez des buzz sur vos réseaux sociaux. Vous êtes développeur ? Créez une application, un plugin, quelque chose d’impressionnant et d’utile.
Si vous n’existez pas sur internet, vous n’existerez pas pour vos prospects.
Comment augmenter son TJM Freelance ?
Si vous avez bien fixé votre TJM, sachez qu’il peut bouger rapidement. Vous avez terminé 2-3 missions intéressantes qui ont été couronnées de succès ? Vos clients sont super heureux ? Demandez des avis (recommandation LinkedIn par exemple), mettez à jour votre portfolio et augmentez votre TJM.
C’est aussi simple que ça ! Personnellement, je le fais à l’instinct. Quand je vois que je suis full, que j’arrive à me vendre facilement et que j’ai acquis de nouvelles compétences (ou amélioré celles que j’avais, j’augmente mon TJM Freelance.
Mais comment gérer les clients existants ? Retenez bien qu’ils vous ont porté, ils vous ont fait travaillé, ils vous ont permis de vous exprimer, d’améliorer vos compétences sur des cas concrets. Respectez les et n’hésitez pas à leur faire malgré tout un prix “d’ami”.
Une bonne communication peut s’avérer efficace. Quand vous avez votre client au téléphone, prévenez le “Je vais bientôt augmenter mes tarifs, je ne pourrais pas vous garantir le tarif actuel mais je vous ferais quand même une ristourne”.
Les clients savent qu’un Freelance peut augmenter ses tarifs du jour au lendemain, surtout s’il est bon. C’est pareil pour un salarié, qui sera augmenté tous les ans (si tout va bien).
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ! Et vous, comment fixez-vous votre TJM Freelance ? N’hésitez pas à partager vos astuces en commentaire 🙂 !
Merci pour ce super article.
C’est vrai que la problématique prix est super importante. Je te rejoins à 100% quand tu dis que chaque contexte est différent et qu’on ne peut pas facturer la même chose quand on est au début (où on doit “acheter” des références) et après des mois d’activité.
Au démarrage d’une activité, je me dis qu’on peut s’autoriser à travailler gratuitement avec certaines conditions : (1) donner le vrai prix de la prestation (je te l’offre car j’ai besoin d’avoir une référence mais c’est une prestation que je propose XXXX euros normalement), (2) d’avoir un témoignage client complet, (3) que la personne me recommande à mon vrai prix. Une fois la prestation terminée, proposer à mon client gratuit (ami ou pas) de continuer pour avoir tel résultat au vrai prix.
Qu’est-ce que tu penses de cela ? (je précise que c’est vraiment au touuuuut début)
Encore merci et bravo pour ton article !
Hello, je trouve que c’est un excellente approche qui a déjà fait ses preuves d’ailleurs ! Je connais pas mal de Freelance qui ont commencé comme ça et qui aujourd’hui gagnent très bien leur vie. C’est un peu la philosophie Inbound appliquée au Freelance 🙂
Bonjour Guillaume,
Merci pour cet article très intéressant !
Une question me trotte l’esprit, comment calculer les minutes en TJM? Admettant que je sois à 100€ HT / jour (8h) et que le mois de mai j’ai fait 6 jours, 4 heures et 34 minutes de travail. Comment calculer les 4 heures et 34 minutes puisque ce n’est pas une journée complète de 8h ?
Hello, tout dépend, on peut faire un calcul au prorata … mais je vendrais plus cher une heure de travail que le prix d’une heure pour une journée entière facturée, idem pour 1 mois complet je ferais un prix, etc.
Hello Guillaume, merci pour votre retour d’expérience. Je suis en passe de devenir Freelance, cela faisait un certain que j’y pensais.
Hello Franck, c’est top, j’espère que l’article a pu t’aider et si tu as besoin d’aide n’hésites pas 🙂